Nicolas Sarkozy Président ? Non, chef de parti !
Nicolas Sarkozy est venu causer Samedi 5 devant les cadres de son parti, à l'occasion du conseil national de l'UMP. C'est en "manager", en chef de parti qu'il est venu causer, histoire de rappeler à certains qui était le chef et pourquoi ils étaient là : pour obéir au chef.
Il faut dire que la majorité parlementaire est plutôt agitée, incertaine de l'utilité des lois qu'on lui fait voter, notamment la LME ou la réforme constitutionnelle. Rien n'étant joué, le chef est venu prononcer un discours uniquement destiné à ses troupes et à la bonne tenue de celles-ci au feu.
Si elles sont révélatrices d'un état d'esprit du chef de l'état, ces petites phrases doivent être replacées dans le contexte de la reprise en main du parti.
Décryptage :
«Désormais, on peut dire que le problème de la France, c'était qu'on ne travaillait pas assez, alors que le monde ne nous attend pas. On peut réformer profondément les 35 heures, désormais on peut faire la politique pour laquelle on a été élu»
Le message est clair : Amis cadres et députés, n'ayez pas peur. Les réformes que nous faisons vont dans le bon sens, il faut continuer à les voter. (Sous entendu, vous n'avez pas le choix).
Le choix des "35 heures" pour soutenir cette affirmation est assez facile à expliquer : Nicolas Sarkozy ne pouvait pas s'appuyer sur les grandes réformes passées (Carte judiciaire, loi TEPA, réforme des régimes spéciaux) qui sont des échecs notoires ou dont les effets positifs (s'il y en a un jour) ne se feront sentir que d'ici à 5 ans... Les 35 heures ne sont un symbole de gauche et elles peuvent revitaliser la majorité. Accessoirement, il met la pression aux députés, leur faisant comprendre que, si ça ne marche pas, ça sera de leur faute.
"La Pologne doit honorer sa signature." "Il a signé à Bruxelles, il doit ratifier à Varsovie, c'est une question de morale."
Encore une fois, le message s'adresse à l'UMP. Ce n'est pas de ma faute, dit le président, si cet idiot de Kaczynski se pique de respecter le vote populaire irlandais alors que moi, je n'ai pas respecté le vote populaire français (et que je vous ai forcés à voter la ratification). C'est d'ailleurs pour cela qu'il dit de son homologue polonais : "Le président Kaczynski est un homme honnête et c'est un homme d'Etat", c'est à dire qu'il est tout à fait apte à se moquer du peuple, tout comme lui.
"Je suis quand même légitime en tant que président de la République française de me demander s'il est raisonnable de porter les taux d'intérêt à 4,25%"
Message à l'UMP, a nouveau. Sarkozy dit "En France, le patron, c'est moi" et "si mes réformes ratent, ce sera la faute des autres". En effet, il n'est pas sans ignorer qu'il n'a aucun contrôle sur la BCE, alors il se couvre à l'avance.
Il est tout de même curieux qu'il se croit obligé de rappeler sa "légitimité" devant les cadres du parti... Certains d'entre eux la remettrait-elle en cause ?
"Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit"
Outre le fait que cette déclaration va faire plaisir à toutes les personnes et entreprises qui ont été gênées par les grèves de la SNCF, des ports, des pécheurs, des routiers et autres corporations, ce message est uniquement destiné à l'UMP. Regardez, dit-il à ses ouailles, nous ne craignons rien, les français sont des veaux. Je suis le meilleur et vous devez me suivre.
Certains blogueurs de droite vont peut être s'étonner ou s'enerver qu'on s'en prenne encore une fois à ce pauvre homme mais tant qu'il se comportera en chef de clan autiste, il ne pourra pas en être autrement.
Il a clamé longtemps qu'il était ouvert aux idées, qu'il le prouve en abandonnant celles qui mettent la France en danger de se retrouver dans le tiers monde dans 5 ans. Qu'il rassemble plutôt que de diviser. Qu'il soit enfin le président de la République Française plutôt que de rester le président de l'UMP en campagne. Qu'il arrête de s'accrocher à sa légitimité quand ce sont ces idées de reformes qui sont attaquées. Enfin, qu'il assume ses erreurs comme il assume (trop bien) ses réussites ; qu'il cesse de rejeter la faute sur d'autres.
En bref, qu'il soit un homme d'état... mais c'est peut être encore trop demander, n'est ce pas ?
Merci à Juan pour les petites phrases
Il faut dire que la majorité parlementaire est plutôt agitée, incertaine de l'utilité des lois qu'on lui fait voter, notamment la LME ou la réforme constitutionnelle. Rien n'étant joué, le chef est venu prononcer un discours uniquement destiné à ses troupes et à la bonne tenue de celles-ci au feu.
Si elles sont révélatrices d'un état d'esprit du chef de l'état, ces petites phrases doivent être replacées dans le contexte de la reprise en main du parti.
Décryptage :
«Désormais, on peut dire que le problème de la France, c'était qu'on ne travaillait pas assez, alors que le monde ne nous attend pas. On peut réformer profondément les 35 heures, désormais on peut faire la politique pour laquelle on a été élu»
Le message est clair : Amis cadres et députés, n'ayez pas peur. Les réformes que nous faisons vont dans le bon sens, il faut continuer à les voter. (Sous entendu, vous n'avez pas le choix).
Le choix des "35 heures" pour soutenir cette affirmation est assez facile à expliquer : Nicolas Sarkozy ne pouvait pas s'appuyer sur les grandes réformes passées (Carte judiciaire, loi TEPA, réforme des régimes spéciaux) qui sont des échecs notoires ou dont les effets positifs (s'il y en a un jour) ne se feront sentir que d'ici à 5 ans... Les 35 heures ne sont un symbole de gauche et elles peuvent revitaliser la majorité. Accessoirement, il met la pression aux députés, leur faisant comprendre que, si ça ne marche pas, ça sera de leur faute.
"La Pologne doit honorer sa signature." "Il a signé à Bruxelles, il doit ratifier à Varsovie, c'est une question de morale."
Encore une fois, le message s'adresse à l'UMP. Ce n'est pas de ma faute, dit le président, si cet idiot de Kaczynski se pique de respecter le vote populaire irlandais alors que moi, je n'ai pas respecté le vote populaire français (et que je vous ai forcés à voter la ratification). C'est d'ailleurs pour cela qu'il dit de son homologue polonais : "Le président Kaczynski est un homme honnête et c'est un homme d'Etat", c'est à dire qu'il est tout à fait apte à se moquer du peuple, tout comme lui.
"Je suis quand même légitime en tant que président de la République française de me demander s'il est raisonnable de porter les taux d'intérêt à 4,25%"
Message à l'UMP, a nouveau. Sarkozy dit "En France, le patron, c'est moi" et "si mes réformes ratent, ce sera la faute des autres". En effet, il n'est pas sans ignorer qu'il n'a aucun contrôle sur la BCE, alors il se couvre à l'avance.
Il est tout de même curieux qu'il se croit obligé de rappeler sa "légitimité" devant les cadres du parti... Certains d'entre eux la remettrait-elle en cause ?
"Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit"
Outre le fait que cette déclaration va faire plaisir à toutes les personnes et entreprises qui ont été gênées par les grèves de la SNCF, des ports, des pécheurs, des routiers et autres corporations, ce message est uniquement destiné à l'UMP. Regardez, dit-il à ses ouailles, nous ne craignons rien, les français sont des veaux. Je suis le meilleur et vous devez me suivre.
Certains blogueurs de droite vont peut être s'étonner ou s'enerver qu'on s'en prenne encore une fois à ce pauvre homme mais tant qu'il se comportera en chef de clan autiste, il ne pourra pas en être autrement.
Il a clamé longtemps qu'il était ouvert aux idées, qu'il le prouve en abandonnant celles qui mettent la France en danger de se retrouver dans le tiers monde dans 5 ans. Qu'il rassemble plutôt que de diviser. Qu'il soit enfin le président de la République Française plutôt que de rester le président de l'UMP en campagne. Qu'il arrête de s'accrocher à sa légitimité quand ce sont ces idées de reformes qui sont attaquées. Enfin, qu'il assume ses erreurs comme il assume (trop bien) ses réussites ; qu'il cesse de rejeter la faute sur d'autres.
En bref, qu'il soit un homme d'état... mais c'est peut être encore trop demander, n'est ce pas ?
Merci à Juan pour les petites phrases